Le mythe familial


Le mythe familial

Selon R. NEUBURGER, la famille est structurée, unifiée par un ciment qui donne son identité au groupe et le différencie du monde extérieur en créant une différence. Ce ciment est le mythe familial : c'est la croyance montrée en des caractéristiques, des spécificités du groupe. Ces croyances concernent tous les niveaux de réalité de la famille. Cet ensemble constitue la "personnalité" d'une famille, son mythe.

Le mythe familial est dû à l'enchevêtrement des histoires personnelles des partenaires créateurs à chaque union d'une nouvelle famille. Il représente une construction collective historique et transgénérationnelle du monde interne et spécifique à une famille, fondée sur un ensemble de croyances et de valeurs partagées, se référant à un modèle commun de distorsion de la réalité. Le mythe est donc un "semblant plausible", relativement systématisé et surtout transmissible de générations en générations.
Les rituels sont complémentaires du mythe. Ce sont toutes les conduites répétitives qui ont pour fonction de renforcer le pôle mythique du groupe, en le faisant transparaître.

Pour K. Et T. ALBERNHE, il parait important de comprendre la hiérarchie quasi-systématique dans les mythes, les familles donnant d'abord à voir des mythes mineurs, comme pour mieux cacher leurs mythes majeurs. Ce sont ces derniers qui réunissent les membres de la famille à un niveau affectif et presque toujours inconscient; le narcissisme se trouvera alors profondément ébranlé par une remise en question de ces mythes.

Le mythe familial est un important facteur de construction et d'équilibre de l'identité familiale.
Selon E. MORIN, l'autonomie est faite d'un tissu de dépendances. Ainsi l'identité se constitue au carrefour de plusieurs appartenances. Aucun être n'est autonome dans cette vision : il n'y a que des "moments" d'autonomie, qui sont en fait des crises dues à la nécessité d'un choix entre différentes appartenances.
Le piège lié au sentiment d'appartenance est qu'il arrive, par loyauté ou respect du mythe, que certains membres de la famille embrigadés dans une conception du monde qui leur assigne tel rôle et pas tel autre s'interdisent d'aller-au-delà.

M. ANDOLFI écrit que "la reconstitution de ce mythe et la confrontation de plusieurs générations en séance permettent d'observer combien les relations actuelles sont surchargées par le poids des rapports non résolus avec les générations passées, dont les individus impliqués n'ont pas conscience".

Selon M. ELKAÏM, le mythe n'apparaît au thérapeute que de manière indirecte : ce qu'il perçoit n'est en fait qu'une co-construction, sous forme d'un pont relationnel, entre le mythe familial du thérapeute et celui de la famille. Le thérapeute doit avoir appris à repérer ces "ponts" en analysant son vécu pour éviter de participer au blocage de l'évolution des mythes par la similarité de certains vécus. Il lui appartiendra donc de co-construire avec la famille, un nouveau système de valeur alternatif, "un nouveau mythe" qui déterminerait des comportements plus adéquats aux phases évolutives en cours, à la situation sociales et familiale actuelle pour donner à chacun un nouveau rôle.
Pour L. ONNIS, le but de la thérapie n'est pas de combattre ou d'éliminer le mythe, vu sa fonction structurante, mais d'en permettre la modification et l'évolution.